Déclaration de la Coordination féministe concernant l’entre deux tours

En tant que Coordination Féministe, nous appelons à rejoindre toutes les mobilisations qui auront lieu à partir de ce weekend, et jusqu’au second tour des élections présidentielles, contre le danger que représente l’élection de Marine Le Pen et contre les politiques de celui qui a permis à l’extrême droite de prospérer : Emmanuel Macron.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron a été marqué par une large régression de nos droits économiques et politiques, l’appauvrissement des plus pauvres, l’enrichissement des plus riches, la persécution des musulman·es, des personnes racisées et des réfugié·es. En particulier, en tant que militant·es féministes, nous dénonçons l’acharnement des gouvernements successifs contre les droits des femmes portant le voile. Cet acharnement est une cause majeure de la montée de l’extrême droite et de ses idées.

Le quinquennat de Macron, c’est la répression des mouvements anti-racistes comme le CCIF et le collectif Justice Pour Adama. C’est donner toujours plus d’armes, de pouvoir et d’immunité à la police, accéder aux demandes de leurs syndicats d’extrême droite, poursuivre en justice celles et ceux qui dénoncent leurs meurtres . C’est accepter que des policiers soient coupables de féminicides, qu’ils maltraitent et violentent des femmes qui vont porter plainte. 

Le quinquennat de Macron c’est l’inaction face à la crise climatique et la destruction du vivant. C’est notamment l’augmentation du volume de CO2 que la France a le droit d’émettre et le renoncement à l’interdiction du glyphosate. Macron privilégie les entreprises et leurs profits au mépris de millions de vies humaines menacées par le dérèglement climatique.

Le quinquennat de Macron, c’est la mise en place de politiques eugénistes et validistes : comme la loi baissant de 90% la quantité de logements neufs accessibles et la gestion catastrophique de la crise sanitaire alors que le Covid reste encore aujourd’hui une maladie mortelle et invalidante.

Macron privilégie la solidarité familiale plutôt que la solidarité nationale. La secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées encourage l’institutionnalisation et célèbre les « aidants » mais rejette les mesures pour l’autonomie. Macron réduit les APL, attaque le droit au chômage et bientôt le droit à la retraite, au détriment des plus pauvres, notamment des femmes pour lesquelles l’accès à l’indépendance économique est de plus en plus difficile. 

Macron donne des gages à la droite réactionnaire, nomme Gérald Darmanin ministre de l’Intérieur et Eric Dupont-Moretti ministre de la Justice, nomme Nathalie Loiseau (ancienne membre du GUD) ministre des Affaires européennes, s’oppose à l’allongement du délai d’accès à l’IVG, développe une conception de la politique où les autorités religieuses chrétiennes seraient source de sagesse. 

Macron tente de réhabiliter Pétain « le grand soldat » et s’inspire de la rhétorique du monarchiste et antisémite Charles Maurras, le fondateur de l’Action Française qui mène des actions violentes, racistes et anti-démocratiques depuis plus d’un siècle.

Jean-Michel Blanquer nomme à la direction du Conseil Supérieur des Programmes un catholique conservateur, opposant à la laïcité, et proche de l’enseignement privé catholique hors-contrat, pendant que Frédérique Vidal entend mettre au pas l’université et restreindre les libertés académiques au nom de la lutte contre « l’islamo-gauchisme ». Comme Eric Zemmour, Macron a récemment affirmé qu’ il ne souhaitait pas qu’on parle des vécus et réalités des personnes LGBTQI à l’école. Ce sont des gages donnés à l’extrême droite s’il était réélu.

Par ailleurs, l’élection de Marine Le Pen ouvrirait la voie à un projet de société néfaste, autoritaire et mortel pour tou·tes les opprimé·es et les exploité·es. Un projet que nous pouvons nommer un “ordre fasciste” : un ordre sexiste, hétérosexuel et raciste hérité d’une histoire coloniale (dont sont autant responsables les partis de gauche et de droite). L’ordre fasciste, c’est la soumission au patron, au mari et à la patrie.

L’extrême droite prospère sur la misère, les inégalités, le mépris social et les injustices. La politique de Macron et de ses ministres est donc loin de faire barrage à l’extrême droite comme ils le prétendent. Elle fait précisément l’inverse.

Pour toutes ces raisons, nous refusons de voir Emmanuel Macron se targuer de progressisme contre Marine Le Pen, et cependant nous ne pouvons pas accepter que celle-ci devienne présidente car son projet politique est encore plus violent et plus brutal.

Quels que soient les résultats de ces élections nous devons dès maintenant et par tous les moyens lutter contre ces politiques mortifères, quels qu’en soit les auteur·ices, et organiser une riposte féministe, une alternative pour un monde meilleur, une société libre et égalitaire.

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